Devenir médecin généraliste, c’est rejoindre une communauté de praticiens qui représentent à eux seuls plus de 45% du corps médical. Premier visage des parcours santé, le généraliste diagnostique traite et conseille. Il tisse avec ses patients des relation de confiance solides et durables. En tant que médecin traitant attitré, le généraliste acquiert une connaissance approfondie de ses patients. Il est le plus à même de réaliser un suivit tout au long de la vie.
Historiquement perçue comme une spécialité choisie par le bas du classement, la médecine générale tend à évoluer. Cette spécialité est choisie par de plus en plus d’étudiants par vocation est exigeante de part sa polyvalence. Le généraliste doit avoir des connaissances dans de très nombreux domaines (cardiologie, pédiatrie, gynécologie, psychiatrie, petite traumatologie, etc.). Il doit savoir diagnostiquer une grande variété de pathologies, des plus bénignes aux plus graves, et orienter judicieusement vers les spécialistes lorsque nécessaire.
Dans cet article, explorons le parcours exigeant de cette profession, ses évolutions de carrière possibles et les aspects financiers associés à ce métier, confronté à d’importantes pénuries.
Les études de médecine générale
Devenir médecin généraliste en France est le fruit d’un parcours universitaire étalé sur dix ans après le baccalauréat. Ce cursus est jalonné d’étapes sélectives et de formations. Ainsi, les futurs praticiens sont dotés d’un socle de connaissances et de compétences solide.
Portes d’entrée : PASS et L.AS
Depuis la réforme de 2020-2021, l’accès aux études de santé se fait principalement par deux voies :
- Le Parcours d’Accès Spécifique Santé (PASS) : première année universitaire, très sélective. Elle comprend une majeure santé et une mineure dans une autre discipline. La réussite et un classement favorable permettent d’accéder en deuxième année des filières médicales. (Médecine, Maïeutique, Odontologie, Pharmacie, Kinésithérapie – MMOPK).
- La Licence Accès Santé (L.AS) : Les étudiants s’inscrivent dans une licence à majeure non sanitaire. (ex: Droit, Sciences de la Vie, Lettres) Tout en suivant une option « accès santé ». La validation de l’année de licence et de l’option santé permet de candidater pour intégrer les études de santé. En général à l’issue de la première, deuxième ou troisième année de licence.
Un baccalauréat à dominante scientifique (Physique-Chimie, Sciences de la Vie et de la Terre, Mathématiques) est très fortement recommandé. Au-delà des notes, les universités évaluent des compétences méthodologiques, de communication, des connaissances scientifiques et des qualités humaines.
Structure des études médicales
Le cursus pour devenir médecin généraliste est divisé en trois cycles :
Premier cycle (DFGSM) :
D’une durée de trois ans après la réussite de l’accès, ce cycle mène au Diplôme de Formation Générale en Sciences Médicales (DFGSM), équivalent à une licence. Il est consacré à l’acquisition des connaissances fondamentales en sciences biomédicales (physiologie, anatomie, microbiologie) et à une première initiation clinique, notamment par des stages d’initiation aux soins.
Deuxième cycle (Externat – DFASM) :
S’étalant sur trois ans (de la 4ème à la 6ème année), ce cycle est aussi appelé l’externat. Il est finalisé par le Diplôme de Formation Approfondie en Sciences Médicales (DFASM), de niveau master. Les étudiants sont désormais des étudiants hospitaliers rémunérés. La fin de ce cycle est marquée par les Épreuves Nationales (EN) qui comprennent :
- Épreuves dématérialisées nationales (EDN) (60% de la note finale) : évaluant les connaissances théoriques.
- Examens cliniques objectifs et structurés (ECOS) (30%) : évaluant les compétences cliniques en mise en situation.
- La note de parcours universitaire (10%) : valorisant l’engagement et le parcours global. Le classement à ces épreuves détermine le choix de la spécialité et du lieu d’affectation pour l’internat.
Troisième cycle (Internat de médecine générale – DES) :
Pour la médecine générale, l’internat de quatre ans, conduit au Diplôme d’Études Spécialisées (DES) de Médecine Générale. Ce cycle est structuré en trois phases : une phase socle, une phase d’approfondissement, et une phase de consolidation. Cette dernière, la quatrième année, se déroule majoritairement en milieu ambulatoire sous le statut de Docteur Junior. Cela prépare directement à la pratique de terrain.
L’internat est une période de professionnalisation, avec des stages en services hospitaliers et auprès de médecins généralistes installés (Maîtres de Stage des Universités). Parallèlement, l’interne rédige et soutient une thèse d’exercice, qui lui confère le Diplôme d’État de Docteur en Médecine, indispensable pour exercer. La validation de l’ensemble du cursus (stages, enseignements, thèse) permet l’obtention du DES de Médecine Générale.
Exercer en tant que médecin généraliste
L’exercice libéral
Les médecins libéraux représentent environ 57% des généralistes. Ce mode offre une grande autonomie de pratique. Il peut se faire en cabinet individuel, en cabinet de groupe, ou de plus en plus au sein de Maisons de Santé Pluriprofessionnelles (MSP). Ce mode implique une gestion administrative conséquente et des horaires souvent chargés.
L’exercice salarié
En progression notable (environ 35,5% des généralistes), ce mode est prisé pour la stabilité des revenus, une meilleure protection sociale, et des horaires souvent plus encadrés. Les lieux d’exercice sont variés : hôpitaux, centres de santé, Protection Maternelle et Infantile (PMI), médecine du travail.
Le mixte
Combinant activité libérale et salariée, il permet de diversifier les pratiques et les revenus.
Les remplacements
Fréquents en début de carrière pour la flexibilité qu’ils offrent, ils peuvent aussi constituer un choix de carrière à plus long terme.
Salaire du médecin généraliste
La rémunération des médecins généralistes varie considérablement selon le mode d’exercice, l’expérience, la localisation et le volume d’activité.
Rémunération durant l’internat : Un interne perçoit une rémunération brute mensuelle progressive. Cette rémunération est d’environ 1 593 € en première année à environ 2 335 € en fin d’internat.
Médecin généraliste débutant :
- Libéral (< 5 ans d’exercice) : Rémunération brute mensuelle moyenne autour de 4 927 €.
- Praticien hospitalier salarié : Rémunération brute mensuelle de base d’environ 4 565 €.
Médecin généraliste confirmé :
- Libéral : Le revenu net moyen annuel après charges se situe autour de 90 000 € à 98 000 € (environ 7 500 € à 8 160 € net par mois). Ce chiffre est une moyenne ; les revenus bruts annuels peuvent approcher les 170 000 € – 175 000 € (provenant des consultations, forfaits comme le Forfait Médecin Traitant – FMT, et la Rémunération sur Objectifs de Santé Publique – ROSP), mais des charges professionnelles importantes (cotisations sociales URSSAF et CARMF, loyer, matériel, secrétariat, assurances) doivent être déduites.
- Salarié hospitalier : Un praticien expérimenté (plus de 30 ans de carrière) peut atteindre un salaire brut mensuel jusqu’à 9 229 €. Dans les centres de santé ou le secteur privé, les salaires bruts mensuels peuvent s’échelonner de 4 500 € à 9 000 €. Le salariat offre stabilité, protection sociale intégrée, et congés payés.
Médecins remplaçants :
La rémunération se fait souvent par rétrocession d’honoraires par le médecin remplacé, généralement entre 70% et 80% des consultations (voire 100% pour les gardes). Le revenu net mensuel peut varier de 3 000 € à 6 000 €. Des forfaits journaliers (autour de 500 € net) sont parfois pratiqués pour les remplacements courts.
Les aspects financiers influencent grandement le choix du mode d’exercice. Le libéral offre un potentiel de revenu net souvent supérieur au prix d’une gestion entrepreneuriale et d’une prise de risque, tandis que le salariat privilégie la sécurité et des avantages sociaux structurés.
Épanouissement et évolutions de Carrière
Une fois diplômé, le médecin généraliste peut toujours évoluer et diversifier sa carrière de diverses façons.
Approfondir son expertise
Le généraliste peut enrichir sa pratique en développant des compétences spécifiques avec des formations complémentaires :
- Diplômes Universitaires (DU) et Interuniversitaires (DIU) : Ces formations permettent d’acquérir une expertise dans des domaines variés. Par exemple en gériatrie, pédiatrie, médecine du sport, prise en charge de la douleur, addictologie, gynécologie pour généralistes, soins palliatifs, nutrition, etc.
- Capacités de médecine : Diplôme nationaux réglementés, réservés aux docteurs en médecine, leur conférant certaines compétences supplémentaires.
Transmettre son savoir et contribuer à la science
- Enseignement et maîtrise de stage :
- Maître de Stage des Universités (MSU) : Médecin généraliste installé accueillant des externes et internes pour leur formation pratique en ambulatoire, après une formation pédagogique spécifique.
- Chef de clinique des Universités – Médecine Générale (CCU-MG) : Premier échelon de la carrière hospitalo-universitaire en médecine générale, avec des missions de soins, d’enseignement et de recherche.
- Recherche clinique : L’implication en recherche clinique en médecine générale est en développement. Les Départements de Médecine Générale (DMG), le Collège National des Généralistes Enseignants (CNGE) et des réseaux comme MUST soutiennent cette démarche, encore peu répandue.
Au-delà du cabinet
L’expertise du médecin généraliste peut se valoriser dans d’autres rôles :
- Médecin coordonnateur : Notamment en Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes (EHPAD), assurant l’organisation des soins.
- Médecine de contrôle et de santé publique : Postes au sein de la Sécurité Sociale (médecin-conseil), en santé scolaire, PMI, médecine du travail.
- Expertise médicale, journalisme médical, industrie pharmaceutique.
Cette diversification des parcours contribue à l’attractivité de la profession et permet aux médecins de façonner une carrière en accord avec leurs aspirations.
Devenir médecin généraliste : parcours universitaire exigeant, activité polyvalente
Le parcours pour devenir médecin généraliste est une voie exigeante, qui mène à une profession d’une richesse et d’une importance essentielle pour la société. La polyvalence du rôle, la diversité des évolutions de carrière possibles et la reconnaissance intrinsèque du métier en font une voie attractive pour ceux qui souhaitent s’investir au service de la santé des autres.
Néanmoins, la médecine générale en France est confrontée à des problématiques démographiques majeures, notamment la pénurie de praticiens dans certaines régions. L’amélioration des conditions d’exercice, la valorisation de la profession sous toutes ses formes, et l’adaptation aux nouvelles attentes des médecins et des patients sont des enjeux politiques importants.
L’intégration des innovations technologiques, comme la télémédecine, et l’encouragement des modes d’exercice coordonnés sont des pistes. L’avenir de la médecine générale résidera dans sa capacité à conjuguer la tradition humaniste du médecin de famille avec les impératifs d’un système de santé en constante évolution. L’objectif étant bien entendu de garantir un accès équitable à des soins primaires de qualité pour tous.