La réputation d’excellence des universités suisses et de leur système de santé attire de nombreux aspirants médecins. Pour les étudiants français, se lancer dans des études de médecine en Suisse représente une voie prestigieuse, mais elle demande une préparation minutieuse et surtout certaines conditions à remplir indispensable avant même de pouvoir penser à postuler.
Le cursus médical Suisse
Le parcours pour devenir médecin en Suisse s’étend sur six années avant toute spécialisation. Il se divise en deux cycles principaux, conformes au système de Bologne.
Le Bachelor en Médecine (BMed) dure trois ans. La première année, dite propédeutique, se concentre sur les sciences fondamentales : chimie, physique, biologie. Chaque année permet d’acquérir 60 crédits ECTS, chaque crédit représentant 25 à 30 heures de travail.
Le Master en Médecine (MMed) complète ce cycle sur trois années supplémentaires. Il oriente davantage les étudiants vers les aspects cliniques et pratiques. La réussite à l’examen fédéral clôture ces six ans et confère le diplôme de médecin. Une formation postgraduée, régie par la Fédération des médecins suisses (FMH), est ensuite nécessaire pour se spécialiser (cardiologie, chirurgie, etc.), et dure en moyenne cinq à six ans.
Les facultés de médecine Suisses possèdent une autonomie notable. Elles organisent leurs programmes et, surtout, leurs modalités de sélection différemment. La première année est souvent un pivot, avec une véritable sélection dès l’entrée.
Les facultés de médecine et langues d’enseignement
Plusieurs universités dispensent la formation médicale. Les six facultés traditionnelles se trouvent à Bâle, Berne, Fribourg (cursus bilingue français-allemand), Genève, Lausanne et Zurich. L’École Polytechnique Fédérale de Zurich (EPFZ) propose aussi un cursus. L’Université de Neuchâtel offre uniquement la première année du Bachelor ; les étudiants poursuivent ensuite à Genève ou Lausanne après réussite d’un concours interne.
Pour les francophones, les universités de Genève, Lausanne, et Neuchâtel (première année) enseignent majoritairement en français. Fribourg propose une option bilingue. Une excellente maîtrise de la langue d’enseignement est indispensable.
Conditions d’admission spécifiques pour les Français souhaitant étudier en Suisse
L’accès à la formation médicale en Suisse est très réglementé. Les conditions pour les étudiants étrangers, y compris français, sont strictes en raison des capacités d’accueil limitées.
1. Reconnaissance du baccalauréat français
Le baccalauréat général français n’est pas automatiquement reconnu. Chaque université a ses propres exigences. Par exemple, l’Université de Genève (UNIGE) demande pour les bacheliers post-2021 :
- Un baccalauréat de « formation générale ».
- Des spécialités scientifiques précises en Première (mathématiques ET SVT OU physique-chimie) et en Terminale (mathématiques OU option mathématiques complémentaires ET SVT OU physique-chimie).
- Une moyenne générale minimale de 12/20. Compensation possible via la validation de deux années d’études supérieures (120 ECTS) dans une filière reconnue.
Un profil académique solide en sciences est donc un prérequis pour toutes les universités.
2. Conditions de résidence et critères d’assimilation
C’est un point majeur. En principe, les étrangers résidant hors de Suisse ne sont pas admis aux études de médecine en Suisse. Des exceptions existent pour les candidats étrangers assimilés aux candidats suisses. Ces conditions doivent être remplies avant le 15 février de l’année de candidature. Elles incluent (liste non exhaustive) :
- Domiciliation en Suisse depuis au moins cinq ans avec une autorisation de séjour pour « activité lucrative ».
- Titulaires d’une maturité suisse.
- Personnes mariées ou en partenariat enregistré avec un ressortissant suisse.
- Ressortissants de pays limitrophes sous conditions très spécifiques de résidence frontalière ou de statut de travailleur frontalier des parents.
Pour un Français résidant en France sans remplir ces conditions, l’accès direct au Bachelor est très improbable.
3. Procédure d’inscription
Une double démarche est nécessaire :
- Pré-inscription centralisée auprès de swissuniversities avant le 15 février.
- Candidature auprès de l’université choisie, souvent avant le 30 avril.
4. Exigences linguistiques
Les titulaires d’un baccalauréat français sont généralement dispensés d’un examen de français. Certaines universités peuvent toutefois l’exiger dans des cas spécifiques.
Le processus de sélection
Une fois les conditions administratives remplies, la sélection s’opère différemment.
- Test d’aptitudes (AMS) : Utilisé par les universités de Bâle, Berne, Fribourg, Zurich, USI, et EPFZ. Ce test évalue des aptitudes cognitives (logique, concentration, compréhension scientifique) et non des connaissances scolaires. Il a lieu une fois par an, début juillet.
- Sélection en fin de première année (concours) : Appliquée à Genève et Lausanne. L’admission en deuxième année dépend de la réussite aux examens de première année et d’un classement favorable (numerus clausus de fait). La compétition est intense.
Difficulté et charge de travail
Le cursus médical helvétique est reconnu pour son exigence. La quantité d’informations à assimiler est considérable. Une année de Bachelor représente 1500 à 1800 heures de travail. Les taux de réussite en première année illustrent cette sélectivité. À Lausanne, par exemple, chances pour un primant estimées à 25%.
L’option des cours préparatoires
Face à la sélectivité, des prépas privées existent, tout comme en France. Certaines institutions privées proposent des programmes pour consolider les bases scientifiques ou préparer à des examens d’accès. Les écuries de médecine visent à optimiser les chances de succès en première année, surtout dans les universités avec concours.
Coût des études et vie étudiante
Il faut distinguer les frais de scolarité du coût de la vie.
- Frais de Scolarité : Pour les étudiants suisses ou assimilés, ils sont relativement modérés (CHF 500 à CHF 950 par semestre selon l’université).
- Coût de la Vie : La Suisse a un coût de la vie élevé. Un budget mensuel de CHF 1’500 à CHF 2’500 est à prévoir.
Stratégies pour intégrer une fac Suisse pour un candidat Français
Une démarche pour des études de médecine en Suisse exige une préparation rigoureuse.
- Anticipez et vérifiez : Contactez directement les services d’admission de chaque université visée bien en amont. Obtenez une évaluation personnalisée.
- Évaluez les conditions de résidence : Analysez lucidement votre capacité à remplir les critères d’assimilation avant le 15 février.
- Dossier académique solide : Un baccalauréat scientifique avec d’excellents résultats est indispensable.
- Choix stratégique de l’Université : Tenez compte du mode de sélection (AMS ou concours).
- Préparez-vous linguistiquement : Un excellent niveau de français (ou allemand/italien selon l’université) est requis.
- Planification financière : Le coût de la vie est un facteur majeur.
- Prévoyez des alternatives : Ayez des plans B crédibles (France, autres pays européens).
Entreprendre une formation médicale en Suisse est une aventure enrichissante. Elle demande une grande lucidité sur les obstacles et une stratégie mûrement réfléchie.