Vous avez brillamment passé la sélection Parcoursup et vous tenez votre admission dans une Classe Préparatoire aux Grandes Écoles (CPGE). La première étape est franchie. Notre guide des CPGE vous a aidé à comprendre le système et à choisir votre filière, une nouvelle question se pose : concrètement, comment survivre et, mieux encore, réussir en prépa ?
La prépa n’est pas seulement un test de connaissances ; c’est un test d’endurance, d’organisation et de résilience. Voici 7 méthodes de travail et conseils stratégiques pour transformer ces deux années intenses en un véritable succès.
1. Changer de mentalité et accepter la règle du jeu
Le premier choc en prépa est psychologique. Au lycée, vous étiez probablement en tête de classe. En prépa, vous êtes entouré d’élèves brillants. Vous allez inévitablement vous retrouver avec des notes que vous n’avez jamais eues (un 5/20, un 8/20…).
L’erreur à ne pas commettre : Se décourager ou se comparer négativement.
La méthode :
- Comprendre le « classement » : Le but de la prépa n’est pas d’avoir 20/20, mais d’être meilleur que les autres candidats de France. Les notes sont artificiellement basses pour créer un classement. Un 11/20 peut être une excellente note si la moyenne de la classe est à 7.
- Viser la progression : Votre seul concurrent, c’est vous-même. L’objectif n’est pas d’être premier le premier jour, mais de progresser constamment entre le premier DS et les concours.
2. Créer son rétro planning et savoir s’organiser
En prépa, le volume de travail est « considérable ». La tentation est de travailler sans cesse, en commençant par le plus urgent, jusqu’à l’épuisement. C’est inefficace.
La méthode : Le rétroplanning hebdomadaire. Chaque dimanche soir, prenez 30 minutes pour planifier votre semaine sur un agenda :
- Bloquez l’incompressible : Vos heures de cours, vos heures de repas et, surtout, vos 8 heures de sommeil (c’est non négociable pour mémoriser).
- Placez les échéances : Le DS du samedi, la khôlle (colle) de mercredi, l’exercice de maths à rendre.
- Planifiez à rebours : Pour être prêt pour la khôlle de mercredi, vous devez réviser le chapitre mardi soir. Pour le DS de samedi, vous devez bloquer 3 heures de révision jeudi et 3 heures vendredi.
- Soyez réaliste : Ne surchargez pas. Mieux vaut 2 heures de travail concentré que 4 heures de pseudo-travail fatigué.
3. Sacraliser les « Khôlles » (colles)
Les interrogations orales hebdomadaires (les « khôlles ») sont la plus grande angoisse des nouveaux bizuths. On se sent jugé, exposé. En réalité, c’est l’outil de progression le plus puissant de la prépa.
L’erreur à ne pas commettre : Y aller « pour voir » ou sécher les révisions par peur de l’échec.
La méthode :
- Voyez-la comme un cours particulier : C’est 1 heure, seul ou en trinôme, avec un professeur qui n’a que vous en tête. C’est une chance inouïe.
- Préparez-la activement : Ne vous contentez pas de relire le cours. Refaites les exercices, réécrivez les démonstrations.
- Notez tout : Pendant la khôlle, notez chaque question, chaque erreur, chaque astuce donnée par le « khôlleur ». Votre cahier de khôlles est votre meilleur livre de révision.
4. La stratégie pour les DS (Devoir Surveillé)
Le DS du samedi matin est le baromètre de votre semaine. 4 heures, c’est long et court à la fois.
La méthode :
- Lisez le sujet en entier (10 min) : Identifiez les parties faciles, moyennes et difficiles. Ne commencez jamais par le début si l’exercice 3 vous semble plus simple.
- Sécurisez les points : Votre objectif est de « gratter » des points partout. Faites parfaitement les questions faciles. Ne passez pas 1 heure bloqué sur une question difficile alors que 3 questions faciles vous attendent plus loin.
- Le « post-mortem » : Le travail le plus important n’est pas le DS, c’est ce que vous faites avec la copie corrigée. Vous devez refaire le corrigé, comprendre chaque erreur, et noter la méthode que vous avez manquée. C’est là que vous progressez.
5. Le « Tunnel » n’est pas une option
Beaucoup pensent que réussir en prépa signifie ne faire que travailler. C’est la meilleure façon de faire un « burn-out » en février. Le cerveau a besoin de pauses pour assimiler.
La méthode :
- Gardez une « soupape » : Conservez 2 heures par semaine pour une activité qui n’a rien à voir : sport (essentiel !), musique, dessin. C’est un investissement, pas une perte de temps.
- L’entraide (l’anti-mythe) : Oubliez le mythe de la compétition féroce. Votre ennemi, c’est le concours national, pas votre voisin. Expliquer un concept à un camarade est la meilleure façon de vérifier que vous l’avez compris. L’internat, comme mentionné dans notre guide, est un formidable accélérateur d’entraide.
6. Optimiser la mémorisation – comment ficher intelligemment ?
La question revient toujours : faut-il faire des fiches ? Oui, mais pas n’importe comment.
L’erreur à ne pas commettre : Recopier son cours sur de jolies fiches bristol colorées. C’est long et totalement passif.
La méthode : La fiche active (ou « flash card »).
- N’écrivez pas de phrases : Une fiche doit être synoptique.
- Format Question/Réponse :
- Recto : Le nom du théorème (ex: Théorème de Rolle).
- Verso : L’énoncé mathématique précis + les 3 hypothèses à vérifier.
- Recto : Une date-clé en HGG.
- Verso : L’événement et ses 3 conséquences majeures.
- Quand ? Faites la fiche immédiatement après le chapitre, quand l’information est encore fraîche.
7. Accepter l’option « 5/2 » (ou Khûbe)
Dans le jargon de la prépa, un « 3/2 » (trois-demi) est en deuxième année et un « 5/2 » (cinq-demi) est un redoublant. En prépa littéraire, on parle de « khûbe ».
L’erreur à ne pas commettre : Voir le redoublement comme un échec.
La méthode :
- Le voir comme une stratégie : La « 5/2 » est une stratégie d’optimisation. Vous avez déjà vu tout le programme. Cette troisième année vous permet de prendre une maturité immense, de maîtriser les détails et de viser une école bien meilleure que celle que vous auriez eue en « 3/2 ».
- Un choix, pas une fatalité : Beaucoup d’étudiants choisissent de faire 5/2, refusant une école « correcte » pour aller chercher l’excellence l’année suivante.
Au-delà du rythme, vous avez les clés pour réussir en prépa
La prépa est moins une course qu’un marathon de méthodologie. Réussir ne signifie pas être le plus intelligent, mais le plus organisé, le plus résilient et le plus « malin » dans sa façon de travailler. Ces deux (ou trois) ans sont une parenthèse intense, mais ils vous équiperont de méthodes de travail qui vous serviront toute votre vie.
